Les photographies ne sont pas libres de droits.

Analyse d’image par la FPF

Comment expliquer la vie d'une photo ? Pourquoi plait-elle ? Qu'a voulu exprimer l'auteur ?
Au moment du déclenchement le photographe a-t-il pensé à quelque chose de précis ?

Cette photo a été réalisée par hasard, non sa prise de vue, mais son traitement sous PhotoShop.
Je devais réaliser des photos d'un couple et de leur bébé.
Le grand père était présent, pas très à l'aise devant l'objectif, un peu en retrait, le regard un peu sombre.
La prise de vue s'est déroulée dans l'appartement des parents, un simple drap blanc sur le mur et comme simple éclairage les luminaires ayant des températures de couleurs très différentes.
Le temps était gris, peu de lumière dans l'appartement.
Je ne souhaitais pas utiliser mon flash pour ne pas avoir des ombres disgracieuses !
Ce portrait a donc été pris avec mon Nikon D200 et une focale 50mm fixe.
  • ISO : 100
  • Ouverture : 1,8
  • Vitesse : 1/60ème
  • La profondeur de champs réduite était à la fois un choix mais également une nécessité !
    Je n'ai pas souhaité augmenter les ISO car le bruit monte très vite avec un D200.
    Autant dire que la photo brute n'était pas d'un grand intérêt !
    J'ai demandé au grand père de se positionner de 3/4, je ne lui ai pas demandé de sourire pour avoir cette expression un peu "dure", énigmatique.
    C'est bien plus tard, en voyant cette photo, que j'ai eu l'idée de réaliser ce traitement.
    Pour ce traitement il me fallait une photo avec une lumière plate et uniforme.
    Cette photo "plate" devait me permettre de modeler moi même la lumière.
    La FPF édite chaque année un CD "ANALYSES D'IMAGES".
    Ma photo a été retenue et voici les 2 analyses :
    Une photographie qui surprend par sa rigueur mais également par une harmonie difficile à définir.
    Le fond dégradé radial est très bien choisi car il se situe dans les mêmes tons que les ombres de la peau.
    Il faut souligner également la discrétion positive de vêtements qui enrichissent l'unité chromatique de l'ensemble.
    C'est une remarquable et talentueuse maitrise de la lumière. Le blanc des yeux donne de la lumière à ce personnage qui peu paraître voire légèrement provocant.
    Sur le physique, il n'y a, par définition, rien à dire. C'est au photographe de détecter les "sujets" qu'il va pouvoir enrichir de son expérience photographique.
    Une remarque et une justification du cadrage carré qui ne donne pas de liberté au regard et emprisonne le personnage ; mais le regard se referme sur le lecteur, il n'est pas possible de trouver une échappatoire à ce regard direct et impressionnant.
    Dans le détail, j'ai été quelque peu dérangé par la faible profondeur de champ. En effet, les cheveux de l'arrière plan, le col arrière, l'épaule droite sont rapidement flous. Est-ce un désavantage dans la mesure où ce n'est pas classique ?
    A la lecture, dans les premières secondes, je dirai oui, puis, quelques secondes plus tard, cette enveloppe immatérielle donne plus d'emphase au visage et surtout au regard. Alors je dirai maintenant non.
    Voilà donc une photo qui demande un temps d'appréciation prolongé. Pour un juge, cela peut être un handicap car le jugement devant être rapide est quelque peu superficiel mais, pour une exposition où chaque lecteur vient plus apprécier que voir, la sensation s'enrichit avec le temps passé à la découverte et c'est très bien. Au final, le lecteur est satisfait et c'est le principal. Bravo.
    Jean-Claude Menneron (MFIAP).
    C'est toujours un pari risqué de présenter un portrait dans nos concours fédéraux.
    Il faut qu'il soit parfaitement maîtrisé, tant du point de vue de l'éclairage que de celui de la mise au point ou de la définition.
    Il faut réussir à sortir du "déjà vu".
    Ce portrait est très bien réalisé. La mise au point est parfaitement faite sur les yeux, tout en ayant une faible profondeur de champ qui fait sortir de la zone de netteté l'oreille, l'arrière de la tête, les épaules.
    Le rendu est excellent: Chaque pore, chaque poil de moustache, chaque petit défaut de la peau est visible. Cela convient d'ailleurs bien pour un sujet tel que celui-ci, homme d'âge mûr. Imaginez la même précision pour une jeune fille !
    Je me pose des questions concernant le cadrage, coupant l'épaule gauche du personnage. Aurait-il mieux valu la garder ? Peut-être, dans ce cas, aurait-elle pris trop de place dans l'ensemble.
    Le post-traitement de l'image est bien réussi, même si, à mon sens, il peut ne pas plaire à tout le monde. La dé-saturation est bien maitrisée, la teinte d'ensemble est agréable, sans nuire au teint de la peau. S'il s'agissait d'un tirage argentique, je parlerai d'une retenue d'exposition autour du visage, qui concentre bien l'attention sur le sujet principal. Mais cet effet n'est-il pas trop poussé ?
    Dominique Gastaldi (Commissaire FPF Couleur Papier)
    Je remercie Dominique Gastaldi et Jean-Claude Menneron pour ces 2 analyses poussées, intéressantes et constructives.

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